Création de films de danse dans un contexte de pandémie : Erin Lum

Je suis Erin Lum et vous me connaissez peut-être en tant qu’activatrice de communauté chez Danse Bloom. Je suis également danseuse, écrivaine, réalisatrice de film et performeuse basée à Vancouver. Depuis 2018, j’agis comme commissaire pour réaliser plusieurs entrevues avec des artistes en danse du Canada pour notre blog en ligne. Pour le Story Bloom de ce mois-ci, je déborde de mon rôle habituel d’intervieweuse pour partager mon expérience de Création de films de danse dans un contexte de pandémie. La COVID-19 a contraint le domaine des arts à trouver de nouvelles manières d’innover dans la précarité. Cette année, j’ai été sélectionnée à titre d’artiste commissionnée par F-O-R-M 2020 (the Festival of Recorded Movement). Ma collaboratrice Corinne Langmuir et moi-même avons réalisé et produit notre premier court-métrage, Zì Jǐ, pour lequel j’ai également été chorégraphe et interprète. Le film a été présenté dans le cadre du festival de film numérique F-O-R-M 2020 et a reçu une mention honorifique dans la catégorie du film jeunesse le plus mémorable. Le contexte d’une pandémie mondiale accorde à mon premier processus de réalisation de film une toile de fond plutôt intéressante. Je suis honorée d’avoir la possibilité de répondre à certaines questions qui m’ont été fréquemment posées au sujet de cette expérience gratifiante. 

Regarde Zì Jǐ et lis-en davantage ci-dessous sur la manière dont le film a été créé. 

Watch Zì Jǐ and read about how it was created below. 

 

Behind the Scenes of Zì Jǐ - Photo by Alanna Alves

 

Comment as-tu été sélectionnée par F-O-R-M pour réaliser un court-métrage de danse?

J’ai toujours aimé le cinéma (demande-moi ce que je pense de La La Land, pour voir) et j’aime la danse pour des raisons similaires. Je trouve l’aspect narratif, ou la manière de raconter une histoire, très percutant, surtout lorsqu’il n’y a pas de limite à l’expression, comme c’est le cas avec le mouvement ou les médias visuels. J’ai été initié aux multiples formes que la danse peut prendre en travaillant pour Danse Bloom. Assister à des festivals de cinéma et regarder des spectacles de danse par “motion capture” m'a inspiré à explorer les façons dont les pratiques créatives peuvent s'entremêler. The Festival of Recorded Movement (F-O-R-M) est un organisme à but non lucratif incroyable et un festival de cinéma qui soutient les jeunes artistes grâce à des bourses de création. Corinne et moi n’avions rien à perdre, alors nous avons décidé de présenter l’ébauche de notre projet Zì Jǐ dans notre application pour F-O-R-M. De mai à septembre, nous avons développé notre projet grâce au mentorat de Nancy Lee, créatrice interdisciplinaire. Nous avons également pu participer à des ateliers virtuels, recevoir des commentaires de nos collègues artistes du festival et établir des partenariats soutenus par la communauté. Je suis particulièrement reconnaissante pour le soutien et les encouragements que nous avons reçu de F-O-R-M pour notre évolution artistique. 

Explique-nous le processus de création de ce projet. Quels obstacles as-tu rencontrés ? Qu’as-tu appris au cours de ce processus?

Créer un film, c’est une des plus belles folies. Zì Jǐ est né d’une idée spontanée de créer un projet sur l’émotion humaine et ça a évolué tout naturellement sous la forme d’un film introspectif où le mouvement incarne la solitude de la recherche de l’identité personnelle. J’ai appris très vite qu’il n’y a pas de recette pour réaliser un film. Comme il s’agissait de notre première expérience, cette réalisation a créé quelques insécurités, puisque je me demandais constamment si nous faisions les choses « de la bonne manière ». Nous n’avons eu d’autre choix que de poser beaucoup de questions et nous avons appris à mesure que nous le faisions. La restriction la plus évidente à ce projet était l’incertitude créée par la COVID. La majeure partie de notre plan original a été complètement renversée. Nous avons changé notre lieu de tournage à moins d’une semaine d’avis. Nous devions être à l’intérieur d’un studio et nous nous sommes retrouvées à l’extérieur, sur le toit d’un bâtiment. Nous avons dû limiter notre tournage à une seule journée et apprendre le processus de montage lors d’appels sur Zoom. Corinne et moi avions planifié méticuleusement la production avec notre petite équipe et malgré tout, il y a toujours des obstacles imprévus qui surviennent dans la réalité le jour du tournage. Ce processus a testé ma capacité à mettre des priorités, rester motivée et en mesure de m’adapter. Indépendamment des heures épuisantes passées à faire le montage et à me regarder sur l’écran, lorsque la version finale de notre film de 4 minutes a été présentée en première mondiale au festival F-O-R-M, j’ai trouvé que le processus en valait vraiment la peine. 

Comment la collaboration et le réseautage ont-ils influencé votre processus créatif?

Zì Jǐ est un projet rempli de passion qui n’aurait pu se produire sans la collaboration de professionnels formidables et de mes ami.e.s proches. Corinne et moi avons rapidement fait connaissance et nous avons développé un partenariat professionnel fluide, passant de la direction à la production du projet pour qu’il corresponde mieux à nos forces. Toutefois, je savais qu’il y avait plusieurs aspects du projet que nous ne pourrions pas réaliser toutes seules. J’ai pris un moment pour analyser les personnes de mon réseau qui seraient ouvertes à collaborer. Cela m’amène à parler de deux de mes aspects préférés du film final : la musique et la cinématographie. La musique originale de Zì Jǐ a été composée par notre talentueux ami Mark Tan. Étudiant en ingénierie de jour, génie de GarageBand la nuit, Mark a passé des heures à créer une magnifique pièce musicale qui capture parfaitement les sentiments d’incertitude, de vide et de résilience de la recherche de l’identité personnelle. En contactant la communauté cinématographique de Vancouver sur Facebook, j’ai rencontré l’incroyable Belèn Garcia qui est devenue directrice de la photographie (DP) sur le projet. Belèn a traduit nos ambitieuses idées en un magnifique visuel filmé et nous a fait bénéficier de ses connaissances en tant que cinéaste établie. Le temps, l’énergie et la réactivité que notre équipe a investi dans Zì Jǐ démontre toute l’importance de la connexion avec la communauté. 

Quelle est la meilleure chose qui soit ressortie de la création Zì Jǐ?

Cette question est une très belle façon pour moi de réfléchir au chemin parcouru. Il y a deux ans environ, notre fondatrice Valérie m’a encouragé à participer à une séance avec elle pour me fixer des objectifs. Val m’a invité à m’asseoir les yeux fermés et à répondre à des questions sur la vie, la danse et ma future carrière sans jugement ou attente. Une des questions était la suivante : « Que souhaiterais-tu accomplir en dehors de l’école ou du travail dans les deux prochaines années? » J’ai répondu que j’aimerais créer mon propre projet (comme un court-métrage), sans m’attendre à voir cet objectif se réaliser en seulement deux ans. Zì Jǐ m’a donné une expérience pratique dans le monde du cinéma sur laquelle je suis excitée de m’appuyer dans le futur. C’était une opportunité de créer quelque chose avec mes ami.e.s proches dont je suis vraiment fière. En dehors de cela, la meilleure partie de ce processus est de pouvoir dire que j'ai poursuivi un de mes rêves créatifs du début jusqu’à la fin. Trouver un.e mentor.e qui croit en toi peut être super inspirant. Même si tu n’as pas beaucoup d’expérience, sache qu’il y a des opportunités disponibles pour les jeunes créatifs. Je sais qu’il existe une communauté pour me soutenir dans cette quête d’exploration en constante évolution et c’est une des plus formidables réalisations. 

Je suis éternellement reconnaissante de faire partie de l’équipe de Danse Bloom et de continuer à grandir avec le soutien de cette communauté. Chaque mois, j’écris de nouveaux articles pour le Story Bloom et tu peux me trouver sur Instagram (@erinlum3).

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