Explorer le courage créatif : Charles-Alexis Desgagnés

Danseur, improvisateur, chorégraphe, enseignant, artiste
Basé à Montréal, Québec

Ce mois-ci, nous avons le plaisir de vous présenter un artiste unique en son genre Charles-Alexis Desgagnés. Mélangeant une conceptualité personnelle et vulnérable aux technicités de la danse contemporaine, Charles-Alexis est un créateur versatile qui véhicule un courage vital à tout jeune danseur. Vous avez entre autres pu le voir à Révolution, la compétition de danse télévisuelle québécoise. Son originalité toute particulière provient de ses aspirations en tant qu’artiste et elle s’est développée à travers ses expériences diverses. Celles-ci l’ont amené à diversifier sa pratique en elle-même. Nous vous invitons à lire son inspirant témoignage ci-dessous.

 

Photo par Marie-Ève Dion

 

Quelle est la meilleure chose que la danse t’a appris? Est-ce que cet apprentissage s’est traduit ailleurs dans d’autres sphères de ta vie ?

Je dirais que la meilleure chose que la danse m’ait apprise à travers les années est le courage. Cela se résumait au début ainsi : « Parler de son esprit en racontant tout son cœur ». Quand je danse, que ce soit sur scène, en studio ou ailleurs, j’essaie d’appliquer cette phrase de la manière la plus authentique possible. Il est extrêmement important pour moi d’utiliser la vulnérabilité comme un outil pour la danse et la voir comme une force plutôt qu’une faiblesse. C’est devenu une partie intégrante de mes processus chorégraphiques. 

J’essaie de vivre en fonction de la philosophie du « showing up », une philosophie qui implique d’être présent, de s’exposer - que ce soit sur scène, en classe, quand j’enseigne ou surtout quand je présente mon travail chorégraphique. La danse est pour moi une sorte d’auto-régulation de mon développement personnel. Elle me donne un sentiment de validation, élève la perception de ma valeur personnelle, me permet de me libérer de démons intérieurs et surtout, elle me connecte de sorte à ce que je ne fasse qu’un avec moi-même, mon environnement et les autres. Ironiquement, danser est ce qui m’a gardé sain d’esprit à travers les années. C’est ce qui m’a aidé à contrôler mon sentiment d’altérité, d’avoir l’impression d’être un extraterrestre et de ne jamais être capable d’entrer dans le moule. 

Toutes ses caractéristiques ont eu d’énormes impacts dans ma vie quotidienne, spécialement dans ma manière de communiquer avec les gens. Ça m’a aidé à devenir plus empathique et compatissant envers moi-même et les autres. 

Tu as pris part à la première saison de Révolution, la plus grande compétition de danse à la télévision québécoise. Décris ton expérience sur ce projet. 

Participer à une émission comme Révolution a été fantastique sur plusieurs plans. Ça m’a offert l’opportunité de présenter ce que je fais devant un public général et d’ouvrir les horizons de ce public sur la danse contemporaine qui a lieu en dehors du cadre commercial. Je crois sincèrement que si tu veux que les choses changent ou évoluent, tu dois incarner ce changement. C’est ce que j’ai tenté de faire avec cette vitrine. J’ai tellement reçu de beaux messages et de bons commentaires de cette expérience, de même que de superbes opportunités professionnelles et financières ensuite. 

Maintenant que je suis établi, j’aimerais utiliser ma voix à des fins politiques pour élever nos métiers d’artistes et danseur.se.s. Nous valons tellement plus que ce que nous pensons. Si nous souhaitons que notre société change ses croyances à propos de la danse, il nous faut faire évoluer les nôtres en tant que communauté d’abord. Je crois que les émissions de télévision comme Révolution peuvent certainement aider en ce sens. Bien entendu, ce sont de grandes machines avec des agendas bien remplis, des castings, des chouchous et des équipes de production, mais quand tu prends part au jeu, tu en es conscient. C’était intense physiquement et mentalement, mais je suis très content de l’avoir fait, bien qu’une fois sera suffisante :). 

En tant que créateur, de quel projet es-tu le plus fier dans ta carrière en danse et pourquoi ?

Je suis vraiment fier des deux versions que j’ai présentées de mon premier spectacle « Mue Érable ». La première version a été présentée en 2018 avec 28 danseur.se.s et j’ai présenté la seconde moi-même en solo plus récemment en septembre 2019. J’y ai utilisé le même concept de tissus de couleurs que j’ai élaboré à Révolution. Ces morceaux de tissus se retrouvaient partout sur la scène et représentaient des parties de moi, éparpillées, autant physiques, émotionnelles, mentales, que spirituelles. Dans le première version, j’ai tout produit, chorégraphié, dirigé, organisé, géré et financé moi-même. Ça s’est avéré être une expérience de vie formidable, et les étudiants et professionnels participants ont formidablement bien ressorti dans ce spectacle. J’ai alors décidé de ramener la pièce au Festival Quartiers Danses, mais seul, me concentrant sur le voyage d’un personnage. C’est devenu un solo de 45 minutes qui a demandé un long processus introspectif et ça a immensément mis au défi ma vulnérabilité. J’en suis ressorti plus fort et plus tendre, il n’y a pas de doute! J’ai hâte de travailler à nouveau cette pièce pour l’améliorer et la présenter partout au Canada!

Quel conseil donnerais-tu à la prochaine génération de danseur.se.s, chorégraphes et créateur.trice.s ?

Je leur conseillerais de parler de leur esprit en racontant tout leur coeur et de s’entourer de gens et de professeurs aimants. Ne laissez jamais l’indifférence des gens contaminer votre processus. Aimez-les plutôt à distance, parce que c’est plus sécuritaire de cette façon. Je conseillerais aussi à la jeunesse de toujours se relever quand elle tombe, et même mieux, d’apprendre à tomber sans se faire mal. « Show up », expose-toi en tout temps, continue de travailler, de te présenter et d’être présent.e. Ce n’est pas parce que quelqu’un a dit que toi ou ton travail n’est pas bon que c’est vrai. Ne mets pas de limites à tes croyances. Si tu veux quelque chose, vas le chercher. Personne ne le fera pour toi. Plein d’amour :) 

Pour plus d’inspiration sur le travail de Charles-Alexis, vous pouvez consulter son compte Instagram (@ca.desgagnes), son site web ou sa page Facebook

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